Elio Berhanyer est décédé en 2019. Entre ses mains, il avait pour objectif de relancer l’entreprise qui portait son nom et qui a dû fermer en 2011 en raison de problèmes de liquidité. La proposition est restée en suspens avec l’intention de ses enfants qui voulaient conclure le projet de leur père en hommage à l’un des plus importants créateurs de mode espagnols.
Casa Otrura assumera la direction créative
Les enfants d’Elio ont commencé à acheter les licences que la marque détenait dans diverses entreprises. Et une fois l’achat effectué, Ils ont contacté Otrural’entreprise fondée par Sergio de Lzaro et Vernica Abin en 2016. Elle vient du monde du marketing et lui du monde de la mode, où il a travaillé pour des marques comme Etro, Dior et Hermès.
Otrura a relevé le défi mais à la condition de prendre le temps de « faire naître » une collection qui refléterait véritablement le savoir-faire du maestro Berhanyer. Le résultat sera visible en février prochain à la Fashion Week de Madrid. Concrètement, ce sera le 17 février prochain à 20h30 au Pavillon 14 de l’Ifema.
Au milieu du compte à rebours du défilé, Sergio de Lzaro et Vernica Abin prennent le temps dans leur agenda pour répondre à nos questions.
« C’est un processus très intense »
- Comment s’est déroulé le processus de documentation pour vous imprégner de l’univers Berhanyer ?
- Il s’agit d’un processus très intense basé sur l’analyse des vêtements. Dès le premier instant, nous avons été en contact avec le Musée du Costume qui nous a ouvert ses portes. Nous avons des séances de travail avec eux et nous analysons les patrons pour voir le processus de création de leurs vêtements.
- Donc tu prends ton temps.
- Oui, c’est très nécessaire. C’est un processus très long car une maison avec plus d’une centaine de défilés ne s’analyse pas du jour au lendemain. Il est également essentiel de parler non seulement du personnage de l’enseignant mais aussi de son travail. Valoriser leur façon de travailler est essentiel pour consolider la valeur de cette maison de couture.
- Qu’est-ce que vous admirez le plus dans son style ?
- Sans aucun doute, le désir qu’il avait de modernité, d’avant-garde, d’absorption de l’énergie qu’il voyait dans la société. Dans les années 60, 70 et 80, il captait ce qu’il voyait. Elle a su refléter tout ce mouvement dans ses collections, tout comme elle a su capter les besoins des femmes et leur désir d’émancipation.
- Etes-vous favorable à une adaptation de son style à 2024 ? Voyez-vous cela possible ?
- Pour nous, le concept est fondamental, c’est ce qui donne le contenu mode. Nous voulons nous concentrer sur cette recherche de l’avant-garde, cette recherche du moderne mais, en même temps, avec cette essence de rester. Et c’est pleinement valable. Sûrement, aujourd’hui, le maître ne ferait pas ce qu’il a fait, il serait totalement un enfant de notre contexte et il mélangerait ses looks de défilé avec des baskets. Mais nous n’allons pas prendre la littéralité, il est plus important de rester avec l’essence et le contexte.
- À quelle femme souhaitez-vous que la signature soit adressée ?
- Sans aucun doute, tous. Je ne suis pas partisan d’un seul type de femme ou d’homme (n’oublions pas qu’on présente aussi les hommes). Il s’agit plutôt de s’adresser à tous ceux qui partagent nos valeurs, valeurs de travail, de sacrifice, d’enthousiasme, d’humour et d’intensité. Aujourd’hui, on retrouve plus de désir d’avant-garde chez une femme de 50 ans, consciente de ses atouts, que chez une jeune fille.